Marché des grains Une fin d’année pétillante
Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des céréales, oléagineux et protéagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.
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Les céréales et les oléagineux se sont de nouveau appréciés cette semaine, poussés par une situation de l’offre assez tendue en blé, nettement tendue en colza et pour les huiles végétales. Les espoirs d’exportations de marchandises US à la Chine avec la signature prochaine de la phase 1 de l’accord entre Chine et USA ont aussi contribué à la hausse générale.
Les prix du blé au plus haut depuis juin
La semaine a de nouveau été écourtée mais cela n’a pas empêché le blé de s’apprécier nettement aux alentours du 1er janvier. Il s’affiche à 186 €/t à Rouen et La Pallice (en base juillet), supérieur de 3 €/t à son niveau de la semaine dernière. Sur Euronext, l’échéance de mars est en train de baisser à l’heure d’écrire ces lignes mais elle a clôturé à 189,5 €/t le 2 janvier après avoir légèrement dépassé le niveau de 190 €/t au milieu de la journée.
Le prix du blé français reste donc soutenu bien que l’euro se soit apprécié face au dollar cette semaine. Le prix du blé est resté tiré par l’activité à l’exportation avec des bateaux en partance actuellement à destination de l’Afrique subsaharienne, de l’Algérie et du Maroc. Le nouvel appel d’offres que vient de lancer le 2 janvier la Turquie pour 550 000 tonnes de blé tendre a aussi contribué au sentiment haussier.
Même orientation du côté de la zone de la mer Noire : les prix russes des blés à 12,5 % de protéine ont gagné presque 4 $/t cette semaine, à 221 $/t. En dollar, les prix russes continuent de monter à la suite du rouble et d’une offre toujours assez faible face aux besoins. Par ailleurs, le mois de décembre a été sec en Russie et les réserves des sols en humidité sont faibles. Comme, en parallèle, les températures de décembre ont été supérieures à la normale, les producteurs russes sont inquiets face aux risques de dégâts possibles des cultures en cas de baisse brutale du mercure (ce qui n’est pas prévu toutefois pour les deux prochaines semaines).
Du côté américain, les blés HRW (bonne qualité meunière) se sont nettement renchéris aussi cette semaine : ils ont reflété les espoirs de certains opérateurs de voir se concrétiser des ventes de blé US à la Chine grâce à la signature imminente (prévue le 15 janvier) de la phase 1 de l’accord commercial entre les gouvernements américain et chinois. Sur le front des cultures, l’USDA vient de publier une note sur l’état des plantes à la fin de décembre et les notations se sont dégradées par rapport à celles de la fin de novembre. Cela a aussi contribué à la hausse des prix US.
Seule ombre baissière à mentionner dans ce panorama haussier, un gros cas de grippe aviaire en Pologne qui a touché un élevage de dinde dans la région de Lublin.
L’orge encore influencée par le blé
Les prix de l’orge sont restés stables cette semaine, que ce soit sur le créneau fourrager (à 162 €/t rendu Rouen) ou brassicole (à 161 et 163 €/t Fob Creil pour les orges d’hiver et de printemps), en base juillet. Le bilan français est pourtant lourd et l’activité à l’exportation s’est bien ralentie même si l’on a noté des chargements d’orge à destination du Qatar et du Maroc cette semaine. Néanmoins, le blé continue de soutenir l’orge.
Avec la montée de l’euro face au dollar, l’orge française a gagné 3 $/t sur le marché mondial, à 192 $/t Fob Rouen. Comme les prix russes se sont accrus au cours de la semaine pour les mêmes raisons qu’en blé, l’écart entre les prix des orges françaises et celles de la mer Noire n’a guère évolué, toujours à l’avantage des orges russes (186 $/t Fob). Toutefois, en raison de leurs besoins de capter la demande à l’exportation, on peut se demander toutefois jusqu’à quand les orges européennes et françaises pourront résister à la baisse.
Le maïs finit par grimper aussi
Les prix du maïs ont gagné entre 3 et 6 €/t sur le marché français cette semaine poussés par la hausse des prix US, ukrainiens et brésiliens. Au Brésil, après des exportations colossales ces derniers mois, l’offre est très limitée désormais dans l’attente de la prochaine récolte et la forte demande du marché intérieur (de la part des secteurs de la viande et de l’éthanol) pousse les prix vers le haut. Aux USA, ce sont surtout les perspectives de ventes à la Chine avec l’accord commercial USA-Chine qui soutient le marché.
L’ensemble de ces facteurs conduit à un renchérissement des maïs des pays tiers que l’UE importe et cela se reporte sur les valeurs européennes, qui reflètent aussi la montée des prix du blé sur le marché intérieur.
Le soja continue son ascension
Le cours de la fève, soutenu par la perspective de la signature imminente d’un accord entre Washington et Pékin, a poursuivi sa hausse cette semaine. Le soja échangé à Chicago a ainsi gagné 2 $/t sur une semaine, à 347 $/t. En décembre, la Chine s’était notamment engagée au cours des négociations à acheter pour 40 à 50 milliards de dollars de biens agricoles, sans pour autant en préciser la nature exacte. Les opérateurs ont ainsi bon espoir que les importateurs chinois continuent d’importer régulièrement du soja US tout au long de la campagne malgré l’arrivée prochaine d’une récolte brésilienne qui s’annonce très abondante.
Autre signe encourageant : le gouvernement chinois a récemment autorisé l’importation d’une nouvelle variété de soja US génétiquement modifié. Les deux puissances ont par ailleurs planifié de nouvelles rencontres en janvier afin de mener des discussions concernant la seconde phase de l’accord commercial.
Le tourteau de soja se valorise également
Les prix des tourteaux de soja ont également progressé dans le sillage de la fève. Sur une semaine, les prix US ont ainsi glané 1 $/t à Chicago (à 330 $/t). Le bon dynamisme de la demande des fabricants d’aliments en France a même accentué la hausse des cours qui marquent un gain de 7 €/t à Montoir, à 345 €/t.
Le pois fourrager départ Marne n’a pas subi de variation depuis la semaine dernière et affiche toujours 205 €/t.
Raffermissement des prix du colza
Cette semaine, les cotations du colza ont largement bénéficié de l’appréciation des huiles. Elles ont ainsi progressé de 5 €/t à Rouen (à 409 €/t) et sur le Fob Moselle (à 415 €/t). La hausse est un peu moins prononcée sur Euronext où les contrats à terme ont gagné 4 €/t. Le renchérissement est en revanche plus marqué au Canada où le canola a bondi de plus de 13 $/t à Winnipeg.
À l’arrière de ces mouvements, la forte hausse de l’huile de palme représente l’un des principaux facteurs de soutien. Son prix a en effet connu une nette ascension à la suite de la mise en place, le 31 décembre, d’une réduction des taxes à l’importation par le gouvernement indien sur la matière brute comme sur le produit raffiné. Cela laisse entrevoir un regain d’appétit du géant asiatique pour l’huile importée. Cette perspective de forte demande à l’importation, dans un contexte d’offre plutôt tendue chez les principaux fournisseurs, a également entraîné un mouvement haussier du côté des huiles concurrentes.
Par ailleurs, le prix de l’or noir a plutôt reculé cette semaine, en cédant 7 $/t sur le Nymex. Cela s’explique par le rétablissement de la production en Arabie Saoudite qui a alimenté les inquiétudes quant à un excès de production mondiale face à une consommation un peu déprimée.
En France, le cours du tournesol est resté stable
Le commerce de la graine de tournesol étant resté très calme cette semaine, les prix français se sont maintenus à 365 €/t rendu Saint-Nazaire. Aucune cotation Fob Ukraine à la clôture du 2 janvier n’était encore disponible au moment de la rédaction de ces lignes.
La graine à l’exportation devrait toutefois connaître une hausse dans le sillage de l’huile de tournesol qui a nettement grimpé sur une semaine. Cette dernière a en effet bénéficié de la forte montée de l’huile de palme par anticipation d’un accroissement de la demande indienne.
Tallage
À suivre : climat pour les cultures d’hiver, semis de printemps, compétition UE – mer Noire en orge, activité à l’exportation en blé et orge, compétition entre le blé et le maïs en alimentation animale, signature de la phase 1 du traité commercial entre la Chine et les US, prix du pétrole, demande en huiles végétales.
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